En cyanotype : le bleu qui pâlit au rinçage

Cette semaine j’ai envie de te partager un article plutôt personnel concernant ma pratique du cyanotype : le bleu qui pâlit au rinçage ! D’une difficulté à une solution et une découverte sur moi.

Pendant plusieurs jours, j’ai vécu des nombreux moments de doutes dans ma pratique.

Après 1 semaine d’une météo défavorable pour faire du cyanotype, après avoir fait du rangement dans l’atelier, organiser par catégories mon herbier pour retrouver plus aisément mes végétaux, fait le point sur les divers projets artistiques qui cheminent en moi, il me tardait de retrouver mon atelier et ce bleu de Prusse si caractéristique !

Cyanotype : Comment je suis arrivée au bleu qui pâlit?

Ce jour arrive enfin, un peu de soleil se fraie un chemin au travers des gros nuages. Le temps est assez humide, il fait chaud comme un temps de mousson !

Mais j’ai trop envie de retrouver la chimie. Allez, c’est parti, je te raconte tout ça !

Après de nombreuses tentatives avec mon matériel habituel, je sors mes feuilles Canson Aquapad, puis je prépare la chimie* (Cf. tu peux aller lire mon premier article sur le Cyanotype) et mes plantes de mon herbier. Et je commence à enduire mes feuilles d’aquarelle , je les mets à sécher dans le même lieu qu’ à l’accoutumée . Puis, j’augmente de quelques minutes mon temps d’exposition car le ciel est tantôt chargé de nuages.

Puis, je passe au rinçage dans mon évier extérieur prévu à cet effet ! Et là, j’observe que le bleu n’est pas aussi bleu que d’habitude et qu’au séchage il avait même perdu de son éclat. Le bleu pâlit au rinçage.

Le bleu ne se fixait pas, il était pâle.  J’ai recommencé les mêmes opérations plusieurs fois avec les mêmes résultats ! Alors, au bout de quelques temps, je me suis souvenue de cette phrase que l’on attribue à Enstein « La folie, c’est de faire toujours la même chose et de s’attendre à un résultat différent ! »

(*si tu arrives pour une première fois ici préparer sa chimie signifie ajouter à part égales le ferricyanure de potassium et du citrate d’ammonium ferrique*.)

LespritBleu_cyanotype bleu qui pâlit_fougere

La démarche que j’ai entreprise pour retrouver ce bleu de Prusse

Alors après un long moment désagréable de déceptions et le sentiment de désespoir me traversant, je me suis posée dans mon jardin avec quelques questions en tête .

J’ai fait un état des lieux de mon matériel en regard avec la météo et tenu un carnet d’observations :

Le taux d’humidité ambiant est très élevé donc je me suis dit probablement qu’il y avait de l’humidité dans le papier

> Ce que j’ai fait : laisser une nuit dans une pièce avec déshumidificateur + une exposition au soleil avant de poser la chimie > cela n’a rien changé.

Puis, j’ai changé de papier, j’ai utilisé du papier Canson Graduate > cela n’a rien changé

J’ai travaillé sur ma durée d’exposition,  car la météo n’était pas au beau fixe, peu de soleil et un ciel nuageux presque tous les jours . Je ne travaille pas avec une lampe UV, je n’ai pas fait ce choix à ce jour car j’aime encore beaucoup travailler avec la lumière naturelle.

> Ce que j’ai fait : j’ai augmenté la durée d’exposition au soleil,. Avec comme pensée : plus il y a de temps d’exposition plus cela sera bleu !

Résultat : toujours un bleu pâle.

Par la suite , j’ai procédé à un changement de l’eau pour le rinçage. J’ai cessé d’utiliser l’eau du robinet , car en raison des inondations récentes , j’avais comme idée qu’il peut y avoir une suspicion d’un changement chimique de la composition de l’eau.

> Ce que j’ai fait : j’ai récolté de l’eau de pluie, ce n’est pas ce qui me manquait, rien de plus simple ici, j’avais déjà le dispositif chez moi pour récolter l’eau de pluie > cela n’a rien changé!

> Puis, je me suis souvenu avoir lu quelque part, mais je ne retrouvais plus l’information pour l’approfondir qu’ajouter de l’acide citrique dans mon eau de rinçage pouvait permettre de fixer un peu mieux la couleur. Cela m’a permis d’avoir un meilleur résultat sur le bleu de Prusse mais il restait encore pale.

Toutefois, je me posais des questions sur la chimie. Je venais d’acquérir un nouveau produit d’un nouveau grossiste alors je me suis dit que c’était le moment de l’utiliser. La différence n’était pas flagrante.

Je commençais à traverser une forme de désert du grand bleu !!

LespritBleu_cyanotype bleu qui pâlit_

Mon apprentissage du bleu qui pâlit

Une idée me vient à un moment donné. La seule chose à laquelle je n’avais pas pensé était que j’avais pour habitude de travailler en chambre noire et que j’avais cessé de faire sur cette dernière expérience. L’ayant lu chez d’autres artistes que cela n’était absolument pas nécessaire, j’avais ouvert grands les portes de mon atelier et je posais ma chimie à la grande lumière.

A force de rectifications, voici ce que je retiens de mes nombreux essais:

  • De poursuivre mon travail en chambre noire. Je ne saurais dire pourquoi mais si je change ce paramètre je retrouve ma problématique, alors pour le moment je poursuis mon exploration en chambre noire. Espace comme je te disais que j’adore, car il m’amène dans une vraie dimension intérieure, une vraie introspection lorsque je me retrouve dans le noir de mon petit atelier.
  • J’ai appris à prendre le temps de l’observation de ce qui ne va pas, à prendre le temps de réfléchir avant de me lancer dans une nouvelle rectification, à prendre des notes et faire un changement après l’autre. Et refaire ce même essai s’il est concluant.
  • Augmenter mon temps d’exposition et observer minutieusement les virages de la chimie.
  • Même si le changement d’eau n’avait rien apporté de concret à ma problématique, j’ai trouvé un intérêt à garder l’utilisation de l’eau de pluie*: comme les alchimistes qui voyaient dans la pluie le « lavage » de cet état de nigredo, illuminant et réanimant ce qui était ressenti comme mort et ténébreux, cette notion me fait entrer dans une dimension autre et plus profonde de mon processus de création avec le cyanotype. Je te ferais un article sur l’eau et ce qu’elle représente pour moi dans le processus cyano( aqua pluvia)* .
  • Ajouter à l’eau de rinçage de l’acide citrique
  • Laisser dans l’eau de rinçage 5 minutes de plus
  • Pour l’instant, je  dois repenser mon atelier : je ne peux plus y stocker mes feuilles ni mes végétaux car la pièce a subi une petite inondation  et je n’avais pas tenu compte de ce paramètre.  Le taux d’humidité dans mon atelier était très élevé.

Et enfin, j’ai retrouvé ce bleu si profond !

LespritBleu_cyanotype bleu qui pâlit_fougeres

En conclusion

Voici les étapes à vérifier, si jamais tu es confronté au même problème :

– Papier

– Chimie

– La qualité de ton eau de rinçage

– Temps d’exposition au soleil à réévaluer et essayer des horaires différents pour maximiser la qualité d’UV

Ce qui a marché pour moi :

– C’est la chambre noire,

– Mon papier je l’ai conservé dans une pièce non humide,

– Je préfère un temps d’expo autour de midi,

– J’utilise à présent de l’eau de pluie et acide citrique

– Conserver le plaisir

Au final, ni la chimie ni le papier n’étaient en cause dans la problématique, en cyanotype, d’un bleu qui pâlit. J’avais une expérience très personnelle à traverser. Voilà également ce qu’invite à vivre le processus du cyanotype.

La nature et les éléments sont ma matière première. L’observer et me sentir reliée à elle encore et toujours.

Prendre le temps d’être à l’écoute de ce que ce processus m’enseigne.

Apprendre de ses erreurs avec bienveillance et rester inventive même dans la difficulté , se mettre en action pour trouver des solutions constructives et ne pas rester sur une sensation d’échecs.

Aucun besoin de laisser le mental s’immiscer dans mon processus de création artistique.

De plus, cette expérience, dans la problématique, en cyanotype, d’un bleu qui pâlit, m’a ouvert une nouvelle perspective qui est de m’essayer au virage au tanin ( la technique pour désagréger le bleu de Prusse) avec les exemplaires qui n’ont pas eu satisfaction à mes yeux.  Très bientôt, je t’en parlerais dans un nouvel article.

A présent, j’ai eu plaisir à te faire découvrir un peu plus mon univers et ma relation au cyanotype. Au-delà de l’aspect artistique que j’ai véritablement à cœur de te partager ici avec l’Esprit Bleu, je vis cette démarche comme un processus de connaissance de moi-même et d’évolution intérieure !

En quelques mots, ma créativité est au service de mon âme.

C’était une belle expérience bien que j’ai peiné à trouver mes solutions.

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